Ce repère historique, pour ce qui concerne notre sujet précis, se déroule au cours d’une période – et parallèlement à cette période sans être trop directement touché par les modes – qui a connu des mouvements fondamentaux de l’histoire des jardins : Renaissance italienne et ses jardins en terrasse, jardins à la française et son apogée avec Le Nôtre, et les jardins anglais prônant des formes de retour à la nature.

            Un phénomène important – plus marquant pour les jardins de ferme que les modes architecturales ou esthétiques – est l’arrivée sur le territoire européen d’un grand nombre de nouvelles plantes. Ainsi, la Renaissance a eu une bien plus grande influence sur le cœur de notre sujet par sa facette « Grandes découvertes » et donc son ouverture aux nouveaux mondes que par celle d’un retour aux modèles classiques de l’Antiquité (modèles que les jardins de ferme n’ont jamais complètement perdu de vue).

            Cette période riche de rebondissements jardinesques peut être suivie à travers trois expériences révélatrices :

– le domaine du Pradel d’Olivier de Serres (qui a publié son « Théâtre d’agriculture et mesnage des champs » en 1600)

– les vergers de l’abbaye de Port-Royal  des Champs (à partir desquelles Robert Arnaud d’Andilly écrivit « Manière de cultiver les arbres fruitiers » 1652)

– les « jardins physiocratiques » : jardins d’acclimations et fermes expérimentales (jusqu’à la Révolution française)

            Immédiatement deux remarques s’imposent. La première concerne la chronologie : les trois exemples choisis ne correspondent pas aux trois mouvements fondamentaux de l’histoire des jardins que l’on peut simplifier (sans trop s’éloigner de la réalité ni de la plupart des théories académiques) en disant que le jardin du 16ème siècle fut italien, celui du 17ème français et celui du 18ème anglais, et cela à l’échelle européenne. La deuxième remarque à propos de ces mêmes trois exemples révélateurs, c’est que s’ils se suivent, ils ne s’excluent pas (contrairement aux modes française et anglaise) et peuvent même être considérés comme s’additionnant au fur et à mesure de l’évolution des connaissances et au sens noble de l’expérimentation en marche.

            La première expérience, et sans doute une des plus révélatrices, est celle du domaine du Pradel (près de Montélimar) où Olivier de Serres développa, dès 1558, ce qui allait devenir une ferme modèle. Dans son « Théâtre d’agriculture et mesnage des champs » publié en 1600, il aborde tous les aspects de l’économie rurale tant d’un point de vue technique qu’artistique.

            Un de ses plus grands succès est le développement de la culture du vers à soie. C’est à lui que Henri IV a commandé les 20.000 mûriers blancs (Morus alba, espèce originaire de Chine) plantés dans les domaines royaux, notamment au jardin des Tuileries, et destinés à nourrir les précieuses bestioles. Le développement de cette culture allait avoir un retentissement considérable – tant dans les manufactures de soieries devenues un élément important de l’économie – que dans le paysage : présence pérenne des mûriers, et « adaptation » du bâti (les magnaneries devenues typiques de la région).

            Le fameux « Théâtre d’agriculture » embrasse très largement tous les aspects de l’agriculture et du jardinage.  

Haies

« Touchant les hayes vifves, à toutes cloisons seroient-elles à préférer, sans les défauts ja remarqués, à cause des bonnes qualités qui sont en elles. Toujours les hayes sont de grand service, défendans par leurs piquerons le passage à gens et à bestes : d’autant qu’à travers ne peut-on passer, ne par-dessus aucunement monter. Elles sont de longue durée, vivans les plantes dont elles sont composées, autant que les fruictiers : causans bonne et longue conservation aux choses qu’elles enferment. Leurs jettons ageancés par entortillements et entre-las, les rendent de belle présentation : dont la haye ainsi disposée ressemble à une muraille verdoyante, en hyver mesme est-elle plaisante à regarder, quoique dépouillée de rameure, ayant quelque sympathie avec l’espalier quand tirée à ligne droicte, l’allée s’en façonne très plaisante : ainsi que telles on les void en Dauphiné, vers Valence et Romans, où gist la maistrise de telles hayes. Mais par sus toutes saisons, la faict beau voir en la primevère, lors qu’elle est chargée de fleurs. »

Vergers

            « Le jardin Fruictier contient : la pépinière, la bastardière, planter les arbres, l’espalier, de l’enter en général, en fente et en petite corone, en escusson et en canon, plusieurs manières d’enter les arbres pour en diversifier les fruicts… »

            A propos des greffes : « Science, par jugement universel estimée la plus excellente de l’agriculture, comme celle qui donnat lustre au reste du gouvernement des champs, a esté, non seulement chérie, ains presques adorée de plusieurs grands personnages arrestés à la contemplation de ses supernaturels effects. Cyrus roi de Perse, est célébré es histoires pour avoir, avec beaucoup d’artifice, de ses propres mains dressé de beaux vergers. »

Gros bétail

            « Tout ce qui procède de la plupart de ce bestail, est de grande utilité. Leurs chairs, laictages, peaux, laines, poils, sont très profitables pour le vivre et pour la vesture de l’homme : voire leurs cornes et ossemens servent en plusieurs endroits, et pour remèdes aux maladies, et pour ornements de nos meubles. De l’utilité de leurs excréments, et quelle richesse en provient, a esté amplement discouru. »

            « Quand au plaisir de ceste nourriture, par commun consentement, c’est le premier du mesnage, ne pouvant représenter naifvement le contentement que c’est de voir le bestail de toutes espèces et aages louer le père de nature, en tout ce où il occupe : au travail, au paistre, au mugir, hannir, bramer, beller, grumeler, sauteler, et autrement s’exercer par leurs genres et divers naturels. »

Oiseaux, étangs, garenne… colombier

            « Afin que nostre maison contienne non seulement ses nécessités, mais aussi quelques délices et voluptés, telles qu’honnestement on les peut souhaiter : après l’avoir fournie du principal bestail, en suite nous la meublerons de l’autre : dont l’ornement est en augmentation du revenu. Assavoir, de toutes espèces de volaille, de connils, de bestes-rousses, de poissons, d’abeilles, et de vers-à-soye. »

            « Ceste est la plus commune poulaille et dont le profit est asseuré, laquelle l’on accompagnera de celle de la grande sorte presques esplumée, pour avoir de grands chapons, comme ceux du Mans et de Lodounois : de naine et petite aussi, pour l’abondance des œufs : de frizées et semblables plaisantes à voir, pour la diversité, et avec ce utiles. »

            « Celui ne pourra voir sa maison despourveue de vivres si elle est accommodée de colombier, de garenne, et d’estang, par y trouver toujours de la viande aussi preste que dans un gardemanger. »

            « Le colombier sera blanc en son extérieur universellement, à blanc fin et glissant ; tant à ce que par telle couleur attrayante, les pigeons estrangers soyent incités d’y venir, que les domestiques de recognoistre de loin leur giste, pour tous ensemble plaisamment y habiter… »

Abeilles

            « … c’est de leur seule et propre ouvrage, qu’immédiatement les abeilles vivent, qu’elles composent de fleurs et brins de plusieurs arbres et herbes, franches et sauvaiges, de la rozée, de l’aer, et d’autres matières incogneues aux hommes, par elles cueillies doucement es plantes sans rien y gaster, contre l’usage de tout autre animal. »

            « … nous fournirons le ruscher de toutes les sortes de plantes, arbustes et herbes dont nous nous pourrons aviser, eslevables en notre climat, rapportans et par elles, et par leurs fleurs, agréables senteurs. Les plus désirables plantes ainsi qualifiées, sont celles de plus longue durée (afin que ne soit à refaire chaque an) comme rosmarin, roziers de diverses espèces, mesme de Damas, thym, sariete, lavande, mente, sauge, mélisse, lys blancs, violiers de plusieurs couleurs. Se prenant garde de ce poinct, que d’y en mettre de tant de sortes, que selon le divers naturel des plantes, elles fleurissent en divers temps , tost et tard, à ce que longuement les abeilles y treuvent de quoi se contenter. »

            « Les bancs pour asseoir les rusches seront artistement bastis, à ce qu’elles y reposent seurement… »

Organisation de l’espace jardiné

            « Ad-joustant la vigne à tel clos, pour n’en faire qu’un grand et ample, ce sera marier le plaisir au profit, d’avoir assemblé en un lieu, les plus exquis fruicts du mesnage, pour commodément les conserver. La largeur des allées sera de douze à quinze pieds, plus ou moins selon les lieux et désirs du seigneur. L’on les tirera, à ligne droicte, l’assiete le permettant, mais quelle qu’elle soit, le parterre en sera uni en perfection pour l’aisance et beauté du pourmenoir. »

            Bien sûr, nous pourrions citer presque l’intégralité des 1400 pages du « Théâtre d’agriculture et mesnage des champs » (de la réédition de 1997), tant l’ouvrage est riche et particulièrement révélateur de l’état d’esprit de nos jardins de ferme. Nous y voyons de nombreuses déclinaisons des motifs fondamentaux que nous avons sélectionné dès l’époque des Villas romaines antiques. De plus, dans ces pages, il est intéressant de voir à quel  point les classiques latins sont présents, largement cités par Olivier de Serres et enrichis des expériences de l’auteur – qui, ne l’oublions pas, jardina dans son domaine du Pradel pendant 50 ans.

            Deuxième expérience révélatrice : les vergers de l’abbaye de Port-Royal des Champs (dans la vallée de Chevreuse, à quelques kilomètres de Versailles).

            Robert Arnaud d’Andilly, personnage célèbre et mondain en son temps et sa jeunesse, se retira à Port Royal des Champs en 1646. Là, il entreprît de cultiver « en un seul jardin, tous les excellents fruits qu’on peut trouver en toutes les parties du monde. Il entend si admirablement tous les secrets de l’agriculture, et principalement tout ce qui est nécessaire à la beauté et à la bonté des vergers… » (« Clélie » Mademoiselle.de Scudéry 1654).

            On comprend aussitôt que, loin de se borner à un jardin d’utilité dans la tradition des Solitaires ou des Chartreux, d’Andilly se révéla un jardinier remarquable, dont l’un des talents, fut d’écrire (une chance pour nous), ce qui touche au beau autant qu’au bon :

            « La science de bien tailler et palisser les arbres, soit en espalier, contre-espalier, ou en buisson, est celle qui leur est la plus importante, d’autant que toute leur beauté et leur conservation en dépend… Cette façon de palisser est la plus belle de toutes, les arbres en sont mieux étendus, et couchés plus proprement, et ils font une espèce de tapisserie de verdure fort agréable.» (« Manière de cultiver les arbres fruitiers » 1652)

            « Il serait inutile d’avoir examiné avec autant de soin la nature des arbres, d’avoir donné tant d’instructions pour les bien élever, si je ne finissais par l’avis que j’estime le principal et le plus important de tous et si je ne concluais par cette vérité, qu’on ne peut avoir de beaux plants sans les aimer : car ce n’est ni la bonté de la terre, ni la quantité des fumiers, ni la situation avantageuse qui font bien pousser les arbres, mais c’est l’affection du maître qui les anime, et qui les rend forts et vigoureux. Aussi nous voyons que si cette affection leur manque, s’ils sont négligés, quoiqu’ils soient plantés dans les meilleures terres, ils demeurent infructueux et languissants. Les hommes ne sont plus dans le Paradis terrestre, où ils puissent manger les fruits admirables sans aucun travail ; il faut qu’ils cultivent les arbres s’ils en veulent recueillir du fruit. La nature ne donne plus rien d’elle-même, il faut la caresser et la flatter pour en obtenir quelque chose ; il faut l’aimer si l’on en veut être aimé. C’est cette seule affection qui m’a donné la connaissance que j’ai dans les plants. C’est elle qui m’a fait remarquer les fautes que j’y commettais dans les commencements, c’est elle qui m’en a fait rechercher les causes, et qui n’a point donné de repos à mon esprit, qu’il ne les ait parfaitement connues. C’est pourquoi si l’affection des plants ne se rencontre dans le cœur du maître, ou au moins dans celui de son jardinier, je ne puis lui conseiller de planter, parce que son travail lui demeurera inutile et sans aucun fruit. Aussi n’ai-je écrit ces mémoires que pour ceux qui ont cette inclination et qui aiment les plants ; car avec cette affection ils n’ont besoin que d’un peu de secours pour faire des merveilles, et quoique je connaisse bien que mon travail soit fort grossier et peu considérable, j’espère néanmoins qu’il leur sera utile pour leur ouvrir, en travaillant, le chemin de nouvelles connaissances, et qu’étant bons jardiniers, ils s’en serviront comme d’un sauvageon pour y enter de bonnes greffes, et en recueillir d’excellents fruits. » (« Manière de cultiver les arbres fruitiers » 1652)

            Au-delà de la saveur littéraire du passage, nous nous permettons de souligner la référence explicite au Paradis perdu qui nous recolle au fondement du jardin de ferme : l’homme doit cultiver la terre pour avoir des « arbres agréables à voir et bons à manger ».

            Troisième expérience révélatrice : les « jardins physiocratiques ». Dans l’élan des théories des physiocrates (définies par François Quesnay dès les années 1750, pour qui la seule activité productive est l’agriculture), de nombreuses expériences vont voir le jour en un laps de temps relativement court. Sans entrer ici dans les débats politiques qui ont agité une époque particulièrement bouillonnante (et qui culminera avec la Révolution française en 1789), nous pouvons comprendre que l’esprit des Lumières et l’air du temps ont été très favorables à ces expériences. N’oublions pas que depuis plus d’un siècle (et d’une manière accélérée à partir des circumnavigations de Bougainville 1766 à 1769 et de Cook 1766 à 1779) les végétaux du monde entier arrivaient dans tous les ports européens. De plus, et de manière simultanée, les expériences agraires anglaises ouvraient la voie à un progrès triomphant et conquérant.

            Les « jardins physiocratiques » ont vu le jour sous des formes très variées et diverses quant à leur importance, leur durée ou leurs objectifs. Nous pouvons les suivre et essayer de les comprendre selon deux angles ou deux manières de faire. D’une part, les jardins d’acclimatation, et d’autre part, les fermes expérimentales. Les uns et les autres ne sont pas si différents que cela, puisque les secondes pouvaient très bien être les lieux d’acclimatation de certains végétaux qui avaient déjà séjourné dans les premiers qui, ensuite, pouvaient redistribuer les mêmes végétaux en vue d’acclimatations en d’autres terres (dont les nouvelles colonies outre-mer des grands empires européens).

            Quelques exemples d’acclimatations sont suffisamment explicites pour être donnés ici :

le café : des pieds de caféier sont offerts au roi de France par la Hollande, et mis en culture au jardin du roi à Paris (futur muséum national d’histoire naturelle). Puis, deux pieds sont transférés au jardin de Rochefort afin d’être confiés au chevalier de Clieu qui entreprend de les introduire aux Antilles (Martinique nouvelle possession française). Son épopée marine à donné lieu à un compte-rendu où se mêlent l’héroïsme et l’abnégation : le chevalier se prive d’eau douce pour arroser les arbustes, et après une traversée longue et épouvantable, un  des deux caféiers arrive vivant à destination. A compter de ce jour, les caféiers peuvent prospérer aux Antilles.

les fraises : Amédée François Frézier (au nom prédestiné) rapporte des pieds de fraisiers (de l’espèce sud-américaine Fragaria chiloensis) de son voyage au Chili dans les années 1712 à 1714, et les plante dans son jardin de Plougastel. Puis, grâce à la collaboration d’Antoine Nicolas Duchesne, jardinier au Trianon de Versailles, et à sa collection de fraisiers (dont d’autres espèces américaines  Fragaria virginiana importées des années plus tôt) des hybrides sont nés : ce sont les fraisiers à gros fruits tels que les connaissons aujourd’hui.

– la ferme de John Bartram : quaker de Pennsylvanie, ce fermier botaniste fut le correspondant au Nouveau Monde de pépiniéristes et de collectionneurs anglais qui ont utilisé ses services pour importer de nombreux végétaux : magnolias, franklinia, érables et chênes, etc…

            Nous pourrions multiplier les exemples – entre autres celui de Pierre Poivre qui fonda le Jardin des Pamplemousses à l’Isle de France (île Maurice) et qui réussit à y acclimater et multiplier le giroflier et le muscadier, ou encore celui de Philibert Commerson qui accompagna Bougainville autour du monde et qui identifia et acclimata plus d’une plante devenue classique dans les jardins, par exemple la bougainvillée, etc, etc, etc… tous révélateurs de cette libre circulation – chère aux physiocrates – et bienvenue pour le meilleur des jardins de l’avenir.

            Arrêtons-nous sur un exemple tout autant révélateur de la volonté de progrès et d’amélioration qui a animé les jardiniers de la physiocratie : celui du marquis de Turbilly, fermier en Anjou et auteur du « Traité des défrichements » 1760. Voici quelques extraits de ce que l’on peut lire dans son traité – choisis pour illustrer nos motifs fondamentaux :

Haies et vergers

            « J’y ai mis de toutes sortes d’arbres fruitiers, je les ai coupés en plusieurs pièces, d’une grandeur convenable, par des haies vives plantées sur de bons fossés que j’y ai fait faire à mesure, et dans la jettée desquels j’ai placé, de distance en distance, différents arbres champêtres, entr’autres de jeunes chênes ; ils sont séparés par de belles allées d’ormeaux, de mûriers blancs, de châtaigniers, et d’autres espèces d’arbres, comme des peupliers, dont j’ai déjà parlé. Ces allées, en même temps qu’elles sont un ornement, servent de passage pour aller dans ces différentes pièces de terres… »

            « Je commençai cette même année à planter des mûriers blancs, pour me mettre en état de faire nourrir et élever des vers à soye et en donner le goût aux habitans du lieu… j’en ai fait ailleurs de belles allées, et quoiqu’on ne les laisse pas monter beaucoup, leur verdure forme un coup d’œil agréable. »

Ruches, étangs

            « J’achetai aussi cette année plusieurs ruches d’abeilles… ces abeilles ont très bien réussi et fort multiplié, surtout dans un petit jardin où l’on en a formé le principal établissement et où elles se plaisent, parce qu’il est également à portée des prairies et des landes, dont elles aiment les fleurs. »

            « J’ai fait construire à neuf de grands réservoirs et quelques étangs ; j’en ai rétabli d’autres qui étaient ruinés ; tous ont réussi, et fournissent de bons poissons ; ils sont arrangés de façon que j’ai une pêche chaque année… »

Autosuffisance

            «Quand j’y suis, je pourrois, exactement parlant, vivre fort bien, et être honnêtement vétu, uniquement avec les productions de mes défrichements ; je n’aurois à acheter que du sel et des épiceries. »

            Le même Marquis de Turbilly , dans le même ouvrage, nous apprend qu’il fut l’initiateur des prix et des sociétés d’agriculture – qui ont eu l’importance que l’on sait au 19ème siècle (voir notre repère historique correspondant) :

            « L’institution de diverses sociétés d’Agriculture, dans les provinces du royaume, qui correspondroient avec une principale, que l’on placeroit à Paris, seroit de la plus grande utilité… »

             « Je commençai cette même année (1755) à donner aux habitans de mes terres des prix d’agriculture ; je les avois institués dès l’année précédente. J’avois fait de mon mieux auparavant, pour exiter en eux le goût du travail et de la culture des terres… »

            Un dernier exemple de ce chapitre est suffisamment précis pour notre sujet, qu’il vaut une paranthèse particulière. Il s’agit d’un ouvrage complet consacré aux haies qui paraît en 1787 : « Traité des haies vives, destinées à la clôture des champs, des prés, des vignes et des jeunes bois ; où l’on indique les différentes sortes de haies, avec des préceptes sur leur construction et sur leur entretien, et l’on y discute leurs avantages et leurs inconvénients, etc… » de P.J.Amoreux.

         « Les haies fleuries seroient agréables près des habitations, et nécessaires aux abeilles qui viendroient  établir leurs colonies au milieu des buissons… les feuilles des arbres et arbustes seroient récoltées pour la nourriture d’hiver des bestiaux. »

            L’auteur y détaille toutes les sortes de haies, leurs usages et toutes les espèces d’arbres et arbustes que l’on peut y employer. Il insiste également sur les rôles protecteurs vis-à-vis du vent, de l’eau et des ruissellements… prémonition de l’équilibre agri-écologique actuel ?